Terme neutre pour ‘joli’ : trouver un mot adapté et inclusif

0,4 % : c’est la part des adjectifs français véritablement épicènes, c’est-à-dire dépourvus de marque de genre. Un chiffre minuscule, qui en dit long sur la difficulté d’exprimer l’esthétique sans basculer vers le masculin ou le féminin. Les dictionnaires, fidèles au système binaire, laissent peu de place à la nuance quand il s’agit de parler d’apparence. Pourtant, dans le monde du travail, à l’école ou face à l’administration, la question de la neutralité s’impose plus que jamais. Comment complimenter, décrire ou qualifier sans assigner de genre ? Le chantier reste immense, la réponse loin d’être évidente.

Dans ce contexte, certaines institutions avancent des pistes pour contourner la difficulté. Mais la langue, conservatrice par nature, résiste aux changements rapides. Les recommandations varient, la norme tarde à s’imposer. Ce flou alimente la réflexion collective sur la place du genre dans la communication courante et la capacité du français à s’ouvrir à toutes les identités.

Pourquoi chercher un terme neutre pour « joli » ?

Le français découpe le monde selon le genre : chaque adjectif impose sa marque, chaque qualificatif sépare. Or, cette mécanique, héritée des siècles passés, ne colle plus à la réalité de nombreuses personnes. Dénicher un terme neutre pour « joli », ce n’est pas céder à la mode : c’est répondre à une attente concrète d’inclusivité et d’ouverture, respecter celles et ceux qui refusent l’étiquette binaire.

Le constat est partagé par les personnes non binaires, les membres des communautés LGBTQI+ et tous ceux qui défendent un français inclusif. Décrire la beauté sans genrer : aujourd’hui, la langue n’offre aucun raccourci. Derrière cette difficulté se cache un risque : celui d’invisibiliser, d’effacer des vécus, d’imposer le masculin générique comme norme. Injuste, mais encore très courant.

Et l’enjeu ne se limite pas aux débats militants. Dans l’administration, l’école, les médias, signer un compliment sans assigner de genre devient une nécessité. La langue structure la société : permettre à chacun de s’y reconnaître, sans assignation arbitraire, c’est donner corps à l’égalité et à la reconnaissance des identités plurielles. Chercher un adjectif neutre, c’est aussi refuser que la grammaire dessine les frontières de l’existence.

    Pour mieux cerner les enjeux, voici trois repères clés :

  • genre grammatical : il délimite, mais peut aussi exclure
  • terme neutre pour joli : une question de visibilité et de respect
  • langue française : territoire où s’inventent, se disputent et se réinventent les mots

Cette recherche de neutralité invite à repenser nos habitudes, à imaginer des alternatives qui reflètent la diversité des personnes et des situations.

Langage inclusif : repères et enjeux dans la langue française

Le langage inclusif fait couler beaucoup d’encre et suscite de vrais débats, du campus à la salle de rédaction. Pas étonnant : la langue française affiche une grammaire redoutablement genrée, mais la société, elle, évolue. La féminisation des titres, la création de termes épicènes (quand c’est possible), ou la promotion de la rédaction épicène, sont autant de signes d’un désir d’inclure sans tout bouleverser.

Longtemps, le masculin générique s’est voulu universel. Aujourd’hui, il est bousculé par les exigences de visibilité et de respect. Les guides de référence, comme Le Robert ou le guide d’écriture inclusive du Haut Conseil à l’égalité, avancent des solutions : double flexion, points médians, mots non marqués. L’Académie française reste prudente, invoquant la stabilité, mais la réalité francophone, elle, bouge. D’un pays à l’autre, on invente, on adapte, on teste.

La grammaire inclusive devient ainsi un chantier collectif. Elle questionne notre rapport au genre, mais aussi l’accessibilité : comment inclure sans embrouiller ? L’écriture inclusive ne se limite pas à une affaire de points ou de flexions : elle engage une réflexion sur l’équité, la transmission et la lisibilité.

    Voici quelques concepts pour mieux comprendre ce mouvement :

  • écriture inclusive : la langue comme outil d’ouverture
  • langage épicène : quand le mot ne marque plus le genre
  • féminisation des titres : valoriser la présence des femmes
  • grammaire inclusive : un enjeu qui dépasse la syntaxe

Quels mots utiliser pour décrire la beauté sans genrer ?

Mettre la main sur un mot inclusif pour remplacer « joli » sans tomber dans le piège du genre : voilà le défi. Le français, langue de la précision, ne regorge pas d’adjectifs neutres déjà bien installés. Les initiatives militantes ou collectives tentent de combler ce vide, mais l’usage reste dispersé. Les mots épicènes (invariables selon le genre) sont rares, surtout quand il s’agit d’exprimer la beauté.

Quelques créations circulent, comme « belle·au » ou « belleau », surtout dans la sphère LGBTQI+. Elles témoignent d’une volonté d’ouvrir la langue, même si elles tardent à s’imposer hors des cercles militants. D’autres préfèrent miser sur des adjectifs déjà neutres : « magnifique », « superbe », « splendide », « élégant », « admirable » ou « charme », quitte à accepter un léger glissement de sens.

Le dictionnaire inclusif élargit le répertoire : « remarquable », « radieux », « épatant ». Ces mots ne marquent pas le genre, même s’ils ne sont pas tous synonymes de « joli ». Sur les réseaux, l’inventivité s’exprime aussi à travers des formes comme « prodigieux·se·x », « prodigieuxse » ou des néologismes qui participent à ce vaste mouvement d’inclusivité.

Le recours à des pronoms alternatifs (« iel », « ael », « celleux ») va dans le même sens : redessiner le vocabulaire pour coller aux réalités non binaires. La langue avance, portée par ces expérimentations, mais les usages restent variés selon les milieux et les générations.

Groupe divers de personnes discutant dans un parc urbain

Des exemples concrets pour adopter une écriture vraiment inclusive au quotidien

Rédiger de manière inclusive, ce n’est pas un exercice réservé aux linguistes. Chaque jour, dans un mail, une note ou une affiche, la question surgit : comment dire sans exclure ? Des solutions existent, à condition de s’en saisir et d’oser parfois sortir des sentiers battus. Pour parler de beauté, mieux vaut délaisser « joli » ou « belle » au profit d’adjectifs épicènes comme « magnifique », « remarquable », « sublime ». Les guides spécialisés, tels que ceux de l’université de Genève ou du Haut Conseil à l’égalité, proposent d’ailleurs des listes d’alternatives neutres à utiliser en contexte professionnel.

    Quelques exemples concrets pour intégrer ces pratiques :

  • Pour s’adresser à un groupe : « bonjour à toutes et tous », « bonjour à tou·te·s », ou encore « bonjour à celles et ceux qui participent ».
  • L’usage de pronoms inclusifs (iel, celleux, ael) fait peu à peu son chemin, notamment dans les milieux militants ou universitaires.
  • En matière de description : privilégier « une personne au sourire radieux » plutôt que « un homme charmant » ou « une femme jolie ».

Adopter l’inclusion, c’est aussi surveiller les accords : opter pour le pluriel neutre, éviter le réflexe du masculin par défaut. La contraction (« tou·te·s »), la double mention (« les étudiants et étudiantes »), ou encore le recours à des formules englobantes (« membres de l’équipe », « participant·e·s ») élargissent le champ du collectif. Chaque choix de mot devient alors un geste en faveur de l’égalité, un pas de plus vers une langue qui rassemble plutôt qu’elle ne sépare.

La langue française n’a jamais cessé de se transformer. Aujourd’hui, ce sont les usages qui ouvrent la voie : à chacun d’inventer, d’oser, et de faire vivre une neutralité qui, demain peut-être, ne sera plus une exception mais la règle.